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et si nous tentions d'y voir un peu plus clair.......

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20 mars 2011

ecce homo

Je voudrais revenir sur ce qui vient de se passer au Japon. Non pour reprendre tout ce qui a pu être dit mais pour vous faire part de ma réaction et de ma réflexion.

Face aux images du Japon frappé par un tremblement de terre et un tsunami mais aussi menacé d'une catastrophe nucléaire, j'ai été envahi par une sensation intérieure aux multiples visages : un choc, un effondrement intérieur, un abattement, comme une dépression.

Soudain, quelque chose m'a frappé à l'intérieur, m'a réduit au silence, m'a réduit à l'effroi, m'a interdit. Puis rapidement la mémoire m'est revenu. J'ai déjà ressenti tout ça. Je retrouvais le même vécu intérieur que face aux attentats du World Trade Center.

Loin de moi l'idée d'identifier les deux événements : d'un côté la force de la nature avec ses soubressauts aux conséquences industrielles inquiétantes, de l'autre la violence de l'être humain enfermé dans une idéologie. Il n'en reste pas moins que le résultat sur mon monde intérieur a été le même. Je ne pouvais pas ne pas noter l'identité du ressenti intérieur et ne pas me poser la question : quel peut être le point commun entre deux événements aux sources si différentes pour qu'ils génèrent la même sensation en moi ?

L'évidence est alors montée, l'évidence de la similitude entre ces maisons, ces villes effondrées au Japon et ces deux tours effondrées aux États-Unis. Et le parallèle évidant avec mon propre effondrement intérieur. Quelque chose s'effondre dehors et dedans. Quelque chose ne résiste pas au choc, à l'impact. L'effondrement intérieur comme en écho à l'effondrement extérieur.

Qu'est-ce qui s'effondre à l'extérieur ? Tout ce que l'homme a créé, toute l'infrastructure humaine et sociale : les maisons, les immeubles, les routes, les ponts....Tout cela est emporté comme un fétu de paille. Tout cela qui nous semblait si fort, si solide, tout cela n'est rien, tout cela n'a pas de poids, tout cela ne tient à rien, tout cela est un faux semblant, tout cela est une illusion.

Une illusion de quoi ? Une illusion de protection.

Une illusion de protection individuelle d'abord et avant tout. Le vêtement déjà, comme deuxième peau venant suppléer l'absence totale de couches de poils ou de plumes qui recouvrent tous les autres animaux et qui peuvent les protéger du climat. Ces vêtements qui flottent sur les eaux de l'océan engouffré dans les villes, ces vêtements épars au milieu des débris des maisons ou des tours effondrées. La maison ensuite, comme troisième peau, venant suppléer encore une fois l'absence totale de poils ou de plumes, mais aussi de carapace, de pics, de crocs, de dents acérées qui peuvent protéger l'individu du danger extérieur. La propriété privée et la loi qui la défend : au-delà de cette ligne tu es chez moi et tu seras puni si tu franchis cette ligne sans mon autorisation, comme d'un coup de griffe, comme d'un coup de dent, comme d'un coup de pics. Ces maisons et ces tours effondrées, rmais aussi ces palais de justice, tout cela réduit en poussière par le tremblement de terre, le tsunami ou l'attentat.

Une illusion de protection collective ensuite. La ville, ses rues, ses ponts, ses lignes téléphoniques et ses connexions informatiques qui tissent le réseau des liens, qui me mettent, moi l'individu avec mes couches successives de vêtements et de murs d'habitation, comme au creux du collectif, collectif réglé du mieux qu'on peut pour tenter de protéger tout un chacun. Ces villes détruites, ces rues défoncées, ces ponts  effondrés, ces lignes téléphoniques coupées, ces connexions informatiques déconnectées, tout cela par terre, réduit à néant.

La nudité. L'homme nu face à la vie. Voilà ce que dévoilent le tremblement de terre, le tsunami et l'attentat. L'impossibilité radicale de se protéger. L'illusion de pouvoir se mettre à l'abri et de traverser sans dommages. L'homme nu face à la mort. L'impossibilité radicale d'y échapper, même dans un bunker, même entouré des gens qu'on aime. Le vent l'emportera comme dit la chanson. Les villes seront détruites, les ponts seront coupés, les communications ne marcheront plus, les maisons seront rasées, les vêtements seront arrachés, la peau sera a nue sous le soleil, sous la pluie, sous le froid.

Ecce homo. La nudité incarnée, la fragilité incarnée, le soumis à l'existence, au caresses et aux choc de l'existence. Telle est la réalité de l'homme. Tout les reste n'est qu'illusion, tout le reste n'est que rêve. L'image du christ frappé, humilié, torturé, crucifié que l'on moque et que l'on présente ironiquement : ecce homo. Oui, voilà l'homme et cette vision est vérité. Voilà l'homme tel qu'il est quand on le révèle, quand on lui enlève ses fausses protections. L'image est terrible mais elle est vraie. A chacun de se l'approprier, de se rendre compte de son extrême vulnérabilité, d'être un être offert.

Et ce qui s'effondre à l'intérieur. L'espoir d'être protégé, la croyance en la protection au sein de sa famille qu'on aime et qui nous aime, au sein de sa maison, au sein de ses réseaux, au sein du collectif. Non. Tout cela ne tient pas. Je suis seul, toujours seul et nu, face à la vie, face à la mort. Aucune protection. Ce qui s'effondre est toujours ce qui n'est pas vrai. Le vrai ne peut s'effondrer, seul le mensonge. Position virile. Oui. Oui je suis cela. Oui, ecce homo. La solution, s'il y en a une, doit se trouver dans le fait de s'offrir à ce destin d'offert, de le prendre, de l'assumer. Voilà ce que je suis de tout éternité. Un enfant nouveau né. Un nouveau né nu, toujours, même derrière ses protections qu'il a cherché à construire, protections personnelles, protections relationnelles, protections religieuses, protections idéologiques, protections collectives. Le vent emportera tout cela. Ne restera que la pousière. Vivre en se sachant déjà poussière. La dépression. Peut-on y échapper quand l'illusion commence à tomber ? Le face-à-face avec la vérité commence toujours par un face-à-face avec le mensonge que pour la première fois l'on voit et qui s'effondre alors, ne pouvant plus tenir. Le deuil intérieur en écho au deuil extérieur des japonais, des américains et de tous ceux qui se sont découverts offerts à l'occasion d'une révélation parfois à la hauteur de l'aveuglement et de la surdité de l'être humain face à la vérité.

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12 mars 2011

la journée de la femme (2)

Dans mon dernier post, je disais ma surprise de voir, encore en 2011, l'organisation d'une nouvelle journée de la femme. Et d'émettre l'idée que le pouvoir, certes non exempt de lenteur et de résistance dans la mise en place d'une vraie politique permettant l'égalité, ne saurait être accablé outre mesure, le travail des consciences n'étant pas de l'ordre d'une décision politique, législative, mais d'un face-à-face avec soi-même de chaque individu. Oui, d'un côté, impulsion politique, par le pouvoir, pour l'égalité, ne serait-ce qu'à travers l'exemplarité, mais aussi, de l'autre, relais de cette impulsion par les individus dans leur intime-même par un travail sur les peurs, les résistances et les préjugés. Sans cette impulsion et surtout sans ce relais, le triple fondement de notre démocratie, " liberté, égalité, fraternité " restera encore longtemps lettre morte ou pour le moins handicapée de tares multiples empêchant sa pleine expression quotidienne. Et de finir mon post précédant en disant que c'est l'humanité-même qui est en jeu dans ce processus d'intériorisation.

J'aimerais aujourd'hui orienter mon post précisément sur ce face-à-face que doit faire chaque individu. Cela donne me semble-t-il un éclairage plus profond que le problème social apparent de la discrimination de la femme.

L'espèce humaine, comme toutes les autres, se divise en deux catégories : mâle et femelle, deux termes entendus dans leur sens biologique, donc sans connotations péjoratives. La nature dans son ensemble fonctionne sur ces deux pôles et leur articulation. La nature est en effet construite sur deux principes : le masculin et le féminin. Chacun de ces deux principes a une modalité d'expression. Celle du principe masculin est l'action, la saisie. Celle du principe féminin est la réception, l'ouverture. C'est ce qui permet entre autre la reproduction sexuée. Ainsi, l'homme a un sexe qui se tend, dirigé vers l'extérieur et la femme un sexe intériorisé qui s'ouvre. Et sexuellement parlant, l'homme prend la femme, la pénètre et la femme accueille l'homme en elle. Il n'y a aucune comparaison à établir entre ces principes, pas de jugements de valeur. Les deux principes sont différents mais fondamentalement égaux en droit d'être car indispensables l'un et l'autre.

La vision traditionnelle attribue à l'homme le principe masculin et à la femme le principe féminin.  Mais cette distribution simple et comme évidente, est en fait simpliste et fausse. Les psychologues ont montré depuis longtemps déjà la présence, et la nécessité de la présence, des deux principes dans chaque être humain. En l'homme se trouve certes le principe masculin mais aussi le principe féminin et de même, chez la femme, se trouve le principe féminin mais aussi le principe masculin. Ce qui fait que tout être humain pleinement intégré, équilibré, c'est-à-dire au masculin ou au féminin ni hypertrophié ni atrophié, est normalement en capacité d'accueil et d'action, en capacité de recevoir et de donner. Dans le meilleur des cas, l'articulation entre ces deux principes dans la psyché de l'individu est souple et harmonieuse. En lui, le masculin et le féminin peuvent s'exprimer pleinement et librement, sans contraction et sans peur. Quand je dis en capacité d'accueil et d'action, j'entends que l'individu peut être pleinement féminin et pleinement masculin suivant les situations.

La seconde donnée à bien voir est que la façon qu'a chaque individu d'être en relation avec le monde extérieur n'est que la manifestation de son monde intérieur. En effet l'homme projette à l'extérieur ses conflits intérieurs, ce qui normalement devrait lui permettre d'en prendre conscience. Il en est de même pour tout groupe humain. Chaque groupe humain s'organise extérieurement selon l'ordre psychologique collectif. Sans souplesse d'articulation entre le féminin et le masculin dans la psyché individuelle ou collective, sans harmonie entre ces deux pôles, le rapport au monde extérieur sera conflictuel autour des supports extérieurs des projections de ces pôles.

La troisième donnée psychologique est que sont refoulées toutes les dimensions de la psyché qui ne peuvent être intégrées dans la conscience parce que la personne n'est pas en paix avec elles. Cela se manifeste par des troubles névrotiques ou psychotiques. Ces dimensions refoulées dans l'inconscient n'ont de cesse de vouloir réintégrer la conscience de la personne car elles manquent à son unité psychologique. C'est ce qu'on appelle le retour du refoulé. Faute d'être accueillies comme de simples composantes de la psyché, ces dimensions refoulées qui revendiquent leur accueil seront vécues très souvent chez le névrosé comme des tensions, avec des comportements d'évitement ou de provocation des situations ou des personnes pouvant faire échos à ces dimensions, et chez le psychotique comme des entités autonomes, des voix extérieures pouvant forcer l'individu à agir compulsivement et parfois violemment contre lui-même ou contre une autre personne.

C'est ce qui m'amène à penser que la discrimination de la femme est en fait le symptôme d'un refoulement du principe féminin dans une large frange de la population, aussi bien masculine que féminine. Le principe féminin étant refoulé, le principe masculin lui-même se trouve déséquilibré. Il se manifeste alors chez l'homme exclusivement dans sa version extrême, caricaturale, " le macho " . L'homme, sous la pression d'un principe masculin hypertrophié devient exclusivement viril, fort, et se met aux commandes du monde extérieur, dans le domaine politique mais aussi familial, uniquement sur le mode masculin de la saisie. Ce qui se joue alors chez lui c'est psychologiquement la peur que ressurgisse ce refoulé féminin. La femme à l'extérieur, ou toute personne ou situation recevant la projection du féminin, est donc ce rappel constant à l'homme de ce qu'il ne veut pas voir. Sous l'injonction psychologique de défense du principe masculin hypertrophié qu'impose un féminin refoulé effrayant car revendiquant son retour, la femme doit socialement et intimement être cachée, absente, invisible, niée. La position sociale de la femme reléguée à des tâches ménagères n'est que le symptôme, la manifestation de l'absence d'intégration du principe féminin en l'homme. La conséquence est pour les femmes le refoulement du principe masculin auquel elles n'ont pas droit mais aussi du principe féminin, trop dangereux pour l'homme. La femme ne peut alors être qu'objet, objet du désir de l'homme sur tous les plans : objet ménager, objet sexuel, couveuse naturelle c'est-à-dire simplement ventre, ventre néanmoins regardé avec crainte par l'homme car de lui peut sortir le féminin.

Ce refoulement du féminin explique aussi la présence, et dans le même temps l'effroi, du désir homosexuel chez l'homme dont le principe masculin est hypertrophié. Sous la pression inconsciente du féminin refoulé, l'homme au principe masculin hypertrophié se désire féminin, se désire possédé, pris, accueillant du sexe masculin. Et ceci parfois chez ces individus jusqu'au basculement souvent vécu sur le mode de la culpabilité dans cette homosexualité-même tant haït extérieurement. Le refoulement du féminin explique donc l'homophobie latente chez ces hommes et à l'inverse l'expression caricaturale d'une frange des homosexuels sous la forme de " la folle ". Le refoulement du féminin explique aussi les manifestations collectives des homosexuels, empruntes de peu de sobriété et de simplicité. Le féminin refoulé frappe fort à la porte dans le champ collectif. Ce refoulement explique aussi, bien évidemment, la violence faite aux femmes. Elle n'est que l'extériorisation de la peur du féminin refoulé dont l'homme tente de se protéger et de se débarrasser.

Pour les femmes, il faut voir ce qui est de l'ordre du masculin refoulé ou du féminin refoulé.  Le masculin refoulé explique l'homosexualité féminine chez la femme pour les mêmes raisons, mais inversées, que pour l'homme. La femme se désire inconsciemment homme et désire posséder, pénétrer la femme. Il explique aussi la manifestation caricaturale de l'homosexualité féminine sous la forme de " la camionneuse ". Ce masculin refoulé explique aussi l'acharnement que peut avoir une femme pour rechercher le pouvoir, le contrôle. C'est très souvent le cas dans la sphère sexuelle avec les maîtresses des mises en scène sado-masochistes mais c'est aussi le cas chez ces femmes avides de pouvoir dans le milieu du travail ou dans les relations humaines. Le refoulement du masculin chez la femme explique paradoxalement aussi une part du mouvement féministe, non quand celles-ci tentent d'obtenir une reconnaissance sociale de la femme, mais quand elles en arrivent à vouloir faire comme ce qu'elle croit être l'homme alors qu'il n'est que la caricature de lui-même. Le refoulement du féminin chez la femme se manifeste quant à lui par exemple dans l'hyper-sensualisation et l'hyper-sexualisation du corps féminin dont témoignent les magazines et toutes les publicités. Une part de la croissance exponentielle de la chirurgie esthétique est aussi à attribuer à ce refoulement du féminin chez la femme.

On le voit, la discrimination féminine est certes un fait social patent contre lequel il faut lutter juridiquement et politiquement, mais surtout une des multiples manifestations dans le champ social d'un refoulement général du féminin. Tout aussi patente est donc la nécessité, pour l'équilibre de chacun et pour l'équilibre collectif, de mener un travail intime avec soi-même pour réintégrer harmonieusement ce féminin à l'ensemble de la psyché et pour remettre à sa juste place un principe masculin encore souvent hypertrophié. La guerre des sexes est avant tout la marque d'un déséquilibre interne entre le principe masculin et le principe féminin. La femme n'est pas prisonnière de l'homme. La femme et l'homme sont prisonniers tous les deux d'une disharmonie des deux principes de base qui les constituent.

10 mars 2011

la journée de la femme

Il y a quelques jours, c'était la journée de la femme, plus précisément la journée des droits de la femme. Je dois avouer que l'organisation d'une telle journée en 2011 fait peur, au même titre que l'existence, encore aujourd'hui, d'organisations comme les restos du coeur. C'est que la société dans son ensemble et le monde politique en particulier n'ont guère évolué. Il me semblait pourtant que nous avions au fronton de nos mairies la devise nationale " liberté, égalité, fraternité ". Quelque chose est bloquée dans nos mentalités, dans nos esprits et dans nos coeurs. Pour le moins, l'ouverture sur ce triple horizon humain et civilisationnel se fait à une lenteur extrême. Il serait bon de se poser des questions sur le pourquoi d'une telle lenteur, d'une telle incurie. Un des problèmes est, je pense, que  l'individu de nos sociétés dites modernes et civilisées se tourne trop souvent mécaniquement vers le politique, envisagé toujours comme la source des réponses aux problèmes de société, sans vraiment s'interroger individuellement sur ses propres comportements, ses propres à-priori, ses propres préjugés et pour tout dire, sur ses propres peurs. Le politique, non exempt de lenteur et de résistance, ne saurait faire évoluer une société sans que les individus qui la composent ne se penchent sur leurs propres relations au monde et aux autres. Ceci étant posé, il devient clair que le chantier est immense et échappe en grande partie aux décisions, même censées, venues d'en haut. Le problème est, à mon avis, beaucoup trop horizontal, c'est-à-dire, d'individu à individu, pour que la solution soit verticale, c'est-à-dire du pouvoir vers l'individu. Cette verticalité qui serait opérationnelle est peut-être ce dont chacun rêve, une sorte d'idéal, mais ce n'est qu'un rêve. Cette attente de la solution politique est d'autant plus forte qu'elle permet à chacun d'échapper à un face-à-face avec soi-même souvent dérangeant en délégant toute la responsabilité sur " ceux qui ont le pouvoir ". Oui, il y a indéniablement un exemple à donner par ceux qui nous gouvernent. Ils se doivent de donner l'impulsion politique, mais cette dernière ne pourra s'incarner dans le champ social que si chaque individu la relaie, dans son intime même. La liberté, l'égalité, la fraternité ne sont que des mots, jolis au demeurant, si les individus n'en font pas leur propre nourriture, car c'est le chemin de l'humanité même.

6 mars 2011

l'homme et la nature

Mon premier "post", comme on dit je crois dans le jargon des blogs, portera sur ce qu'on appelle notre rapport à la planète. Il y a en gros deux grands types de rapports :

- un rapport économique qui voit dans la planète un lieu à exploiter.

- un rapport écologique qui voit dans la planète un lieu à protéger.

Ces deux rapports, dans leur version extrême, s'opposent. Les extrémistes du premier groupe iront jusqu'à dilapider les ressources, la source de leur pensée étant exclusivement le profit immédiat. C'est un égocentrisme pur et dur. Les extrémistes du second groupe iront jusqu'à interdire toute intervention humaine, la source de leur pensée étant exclusivement la sanctuarisation de la nature. C'est un "naturocentrisme" pur et dur. Les premiers prônent une course en avant, les seconds une course en arrière. Les premiers coupent la branche sur laquelle l'homme se trouve et les seconds chassent l'homme de cette même branche.

Dans leur version plus modérée, ces deux rapports peuvent évidemment cohabiter, s'alimenter, voire même se fondre. En effet, la vie humaine, telle qu'elle est aujourd'hui, ne peut se perpétuer sans intervention humaine sur son milieu et sans respect de ce même milieu. L'équilibre est donc à trouver entre les besoins que créent notre civilisation moderne et les besoins de la planète. Des limites sont à trouver aux besoins secondaires de l'homme pour pouvoir respecter les besoins essentiels de la planète. Une symbiose est à découvrir ou a redécouvrir, si tant est qu'elle ait exister un jour.

Se limiter à dire cela est, vous l'admettrez, enfoncer une porte ouverte.

J'aimerais cependant attirer l'attention sur un élément du problème qui semble échapper à tous dans ce domaine. En effet, les deux types de rapport partent d'une même évidence admise comme telle et jamais mise en question : d'un côté il y a moi et de l'autre la nature. D'un côté il y a le sujet, moi, et de l'autre l'objet, la nature. D'un côté il y a le fond, entendu comme espace scénique, la scène, le décor qu'est la nature, et de l'autre il y a le devant, l'acteur, moi, qui me déplace et agit dans cet espace. Il suffit de quelques secondes pour prendre conscience de cela. Observez en vous-même la modalité avec laquelle vous vous situez. Au premier plan, vous, et là-bas, où que vous vous tourniez, l'espace dans lequel vous êtes, espace bien distinct de vous. Cette bipolarité est admise par tous, extrémistes et modérés. Pour les extrémistes, c'est la nature, le décor, le fond, qui doit se plier à moi ou moi qui doit me plier à la nature. Comme en photographie, il s'agit juste d'une question de mise au point. Soit la mise au point se fait sur moi, moi devenant sujet et le monde autour de moi devenant objet, flou et disparaissant en terme d'importance, soit la mise au point se fait sur le monde, qui devient alors sujet, moi devenant objet, flou et disparaissant en terme d'importance. Pour les modérés, c'est un équilibre entre les deux pôles sujet/objet qu'il faut tenter de trouver en tentant de donner autant d'importance à moi qu'à la nature, chose qui, comme en photographie, pour filer la métaphore, est toujours insatisfaisante car la netteté n'est jamais réalisée pleinement sur tous les plans. Si la version modérée semble la plus juste dans son objectif, on voit bien néanmoins qu'au niveau conceptuel, le point de départ est le même : une dualité admise.

Mais imaginez un observateur extraterrestre, au sens éthymologique du terme, regardant l'univers qui l'entoure et la Terre en particulier : pour lui, il ne saurait y avoir l'homme et la nature, mais bien une seule et même chose, la Nature. C'est que là où cette conscience extraterrestre voit une manifestation de la Nature quand il voit un homme, cet homme particulier pense " moi face à la nature ", ce qui est très différent. L'homme n'est pas en dehors de la Nature, n'en est jamais sorti et n'en sortira jamais puisqu'il l'est, intrinsèquement. En revanche, " moi " n'en a jamais fait parti et n'en fera jamais parti, puisque pure représentation conceptuelle. Et cette représentation de soi tranche l'unité de la Nature en deux concepts séparés, " moi et la nature ".

Ce qu'il faut donc voir c'est cette fracture conceptuelle de la Nature, présent en chaque être humain. Cette fracture n'est pas un problème en soi. Mais elle le devient quand elle s'érige, faute de conscience claire, en vérité première. Et les deux types de rapports entre l'homme et la nature vues au début de ce post naissent de cette fracture conceptuelle et ne se déploient que dans ce champ conceptuel.  En réalité, il ne peut y avoir de rapports réels, à proprement parler, entre l'homme et la nature, puisqu'il y a unité radicale entre ce que ces deux termes désignent. Si rapports il y a, ils sont conceptuels et débouchent sur des actions réelles dans la Nature qui malheureusement ne peuvent être qu'erronées, le point de départ étant faux. Je crains qu'à ce niveau il n'y ait aucune solution viable, chez les extrémistes comme chez les modérés, au problème de l'environnement ( terme qui dit assez bien la fracture conceptuelle entre moi et la nature ) car ni les uns ni les autres ne voient la Nature mais tous pensent l'homme et la nature tout en affirmant voir la Nature.

Qui peut mieux que la Nature savoir l'ordre des choses. Il ne peut pas ne pas exister en chaque homme une intelligence naturelle puisque, sauf au niveau conceptuel, il n'y a pas l'homme d'un côté et la nature de l'autre. L'homme et la nature sont la même chose et sont la Nature. Cette intelligence ne saurait être "mon" intelligence, mais celle de la Nature, son code, son système, son ordre de marche si vous préférez. L'homme n'a donc pas à se relier à la nature par quelques biais que ce soient pour comprendre. Tant qu'il veut se relier, il est dans l'ordre du concept et ne saurait y arriver. Il a juste à voir le monde conceptuel qui se crée au coeur de sa conscience. Plus il verra ce monde de concepts, plus il se découvrira être la Nature manifestée et riche de sa logique interne. Ce ne sera pas une pensée. Ce sera un "savoir-être avec". Ce n'est que là que se trouve la solution et cela dit assez la nécessité de la démarche de chacun.

5 mars 2011

c'est parti....

Depuis longtemps déjà, il m'arrive d'avoir envie de réagir à notre monde, aux informations qui bombardent nos yeux et nos oreilles, à ce que je vis et à ce que d'autres vivent dans le quotidien. Et chaque fois que je voulais le faire, je sentais comme une confusion...par où commencer ? Que dire ? Tellement de choses s'entremêlent ! Suis-je d'ailleurs qualifier pour le faire ? Une impression de se trouver devant une montagne infranchissable avec en main des outils peu performants. Une impression d'écrasement face à la tâche venant certainement d'un manque d'humilité ( cette envie de tout embrasser et d'énoncer des idées que je voulais sensées et éclairantes ) mais aussi d'ordre dans mes propres pensées.  Alors je remettais à demain, vous savez ce mot qui fait que jamais on ne se lance. Eh bien la décision est prise. Je me lance ! Dès que j'aurai le temps, dès que l'envie me prendra, j'écrirai mes pensées, mes sensations, mes imcompréhensions sur le monde, sur moi, sur nous...pas pour délivrer La Vérité ( à laquelle je ne crois pas ), mais au moins pour éclaircir mes propres idées, pour y mettre de l'ordre. Il faut au moins commencer par là pour discuter le plus raisonablement possible. Et quoi de mieux alors que de s'adresser à l'autre ? Cela oblige à une certaine rigueur, de langage, d'énonciation et de clarté. Comme je crois à la valeur de la discussion, vos réactions seront les bien venues pour alimenter des débats que je souhaite constructifs, en marge d'une vulgarité ambiante et d'une réactivité émotionnelle faisant trop souvent à mon goût office de réflexion...Moi c'est Laurent...bonjour à tous et à bientôt j'espère.

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