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et si nous tentions d'y voir un peu plus clair.......
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12 mars 2011

la journée de la femme (2)

Dans mon dernier post, je disais ma surprise de voir, encore en 2011, l'organisation d'une nouvelle journée de la femme. Et d'émettre l'idée que le pouvoir, certes non exempt de lenteur et de résistance dans la mise en place d'une vraie politique permettant l'égalité, ne saurait être accablé outre mesure, le travail des consciences n'étant pas de l'ordre d'une décision politique, législative, mais d'un face-à-face avec soi-même de chaque individu. Oui, d'un côté, impulsion politique, par le pouvoir, pour l'égalité, ne serait-ce qu'à travers l'exemplarité, mais aussi, de l'autre, relais de cette impulsion par les individus dans leur intime-même par un travail sur les peurs, les résistances et les préjugés. Sans cette impulsion et surtout sans ce relais, le triple fondement de notre démocratie, " liberté, égalité, fraternité " restera encore longtemps lettre morte ou pour le moins handicapée de tares multiples empêchant sa pleine expression quotidienne. Et de finir mon post précédant en disant que c'est l'humanité-même qui est en jeu dans ce processus d'intériorisation.

J'aimerais aujourd'hui orienter mon post précisément sur ce face-à-face que doit faire chaque individu. Cela donne me semble-t-il un éclairage plus profond que le problème social apparent de la discrimination de la femme.

L'espèce humaine, comme toutes les autres, se divise en deux catégories : mâle et femelle, deux termes entendus dans leur sens biologique, donc sans connotations péjoratives. La nature dans son ensemble fonctionne sur ces deux pôles et leur articulation. La nature est en effet construite sur deux principes : le masculin et le féminin. Chacun de ces deux principes a une modalité d'expression. Celle du principe masculin est l'action, la saisie. Celle du principe féminin est la réception, l'ouverture. C'est ce qui permet entre autre la reproduction sexuée. Ainsi, l'homme a un sexe qui se tend, dirigé vers l'extérieur et la femme un sexe intériorisé qui s'ouvre. Et sexuellement parlant, l'homme prend la femme, la pénètre et la femme accueille l'homme en elle. Il n'y a aucune comparaison à établir entre ces principes, pas de jugements de valeur. Les deux principes sont différents mais fondamentalement égaux en droit d'être car indispensables l'un et l'autre.

La vision traditionnelle attribue à l'homme le principe masculin et à la femme le principe féminin.  Mais cette distribution simple et comme évidente, est en fait simpliste et fausse. Les psychologues ont montré depuis longtemps déjà la présence, et la nécessité de la présence, des deux principes dans chaque être humain. En l'homme se trouve certes le principe masculin mais aussi le principe féminin et de même, chez la femme, se trouve le principe féminin mais aussi le principe masculin. Ce qui fait que tout être humain pleinement intégré, équilibré, c'est-à-dire au masculin ou au féminin ni hypertrophié ni atrophié, est normalement en capacité d'accueil et d'action, en capacité de recevoir et de donner. Dans le meilleur des cas, l'articulation entre ces deux principes dans la psyché de l'individu est souple et harmonieuse. En lui, le masculin et le féminin peuvent s'exprimer pleinement et librement, sans contraction et sans peur. Quand je dis en capacité d'accueil et d'action, j'entends que l'individu peut être pleinement féminin et pleinement masculin suivant les situations.

La seconde donnée à bien voir est que la façon qu'a chaque individu d'être en relation avec le monde extérieur n'est que la manifestation de son monde intérieur. En effet l'homme projette à l'extérieur ses conflits intérieurs, ce qui normalement devrait lui permettre d'en prendre conscience. Il en est de même pour tout groupe humain. Chaque groupe humain s'organise extérieurement selon l'ordre psychologique collectif. Sans souplesse d'articulation entre le féminin et le masculin dans la psyché individuelle ou collective, sans harmonie entre ces deux pôles, le rapport au monde extérieur sera conflictuel autour des supports extérieurs des projections de ces pôles.

La troisième donnée psychologique est que sont refoulées toutes les dimensions de la psyché qui ne peuvent être intégrées dans la conscience parce que la personne n'est pas en paix avec elles. Cela se manifeste par des troubles névrotiques ou psychotiques. Ces dimensions refoulées dans l'inconscient n'ont de cesse de vouloir réintégrer la conscience de la personne car elles manquent à son unité psychologique. C'est ce qu'on appelle le retour du refoulé. Faute d'être accueillies comme de simples composantes de la psyché, ces dimensions refoulées qui revendiquent leur accueil seront vécues très souvent chez le névrosé comme des tensions, avec des comportements d'évitement ou de provocation des situations ou des personnes pouvant faire échos à ces dimensions, et chez le psychotique comme des entités autonomes, des voix extérieures pouvant forcer l'individu à agir compulsivement et parfois violemment contre lui-même ou contre une autre personne.

C'est ce qui m'amène à penser que la discrimination de la femme est en fait le symptôme d'un refoulement du principe féminin dans une large frange de la population, aussi bien masculine que féminine. Le principe féminin étant refoulé, le principe masculin lui-même se trouve déséquilibré. Il se manifeste alors chez l'homme exclusivement dans sa version extrême, caricaturale, " le macho " . L'homme, sous la pression d'un principe masculin hypertrophié devient exclusivement viril, fort, et se met aux commandes du monde extérieur, dans le domaine politique mais aussi familial, uniquement sur le mode masculin de la saisie. Ce qui se joue alors chez lui c'est psychologiquement la peur que ressurgisse ce refoulé féminin. La femme à l'extérieur, ou toute personne ou situation recevant la projection du féminin, est donc ce rappel constant à l'homme de ce qu'il ne veut pas voir. Sous l'injonction psychologique de défense du principe masculin hypertrophié qu'impose un féminin refoulé effrayant car revendiquant son retour, la femme doit socialement et intimement être cachée, absente, invisible, niée. La position sociale de la femme reléguée à des tâches ménagères n'est que le symptôme, la manifestation de l'absence d'intégration du principe féminin en l'homme. La conséquence est pour les femmes le refoulement du principe masculin auquel elles n'ont pas droit mais aussi du principe féminin, trop dangereux pour l'homme. La femme ne peut alors être qu'objet, objet du désir de l'homme sur tous les plans : objet ménager, objet sexuel, couveuse naturelle c'est-à-dire simplement ventre, ventre néanmoins regardé avec crainte par l'homme car de lui peut sortir le féminin.

Ce refoulement du féminin explique aussi la présence, et dans le même temps l'effroi, du désir homosexuel chez l'homme dont le principe masculin est hypertrophié. Sous la pression inconsciente du féminin refoulé, l'homme au principe masculin hypertrophié se désire féminin, se désire possédé, pris, accueillant du sexe masculin. Et ceci parfois chez ces individus jusqu'au basculement souvent vécu sur le mode de la culpabilité dans cette homosexualité-même tant haït extérieurement. Le refoulement du féminin explique donc l'homophobie latente chez ces hommes et à l'inverse l'expression caricaturale d'une frange des homosexuels sous la forme de " la folle ". Le refoulement du féminin explique aussi les manifestations collectives des homosexuels, empruntes de peu de sobriété et de simplicité. Le féminin refoulé frappe fort à la porte dans le champ collectif. Ce refoulement explique aussi, bien évidemment, la violence faite aux femmes. Elle n'est que l'extériorisation de la peur du féminin refoulé dont l'homme tente de se protéger et de se débarrasser.

Pour les femmes, il faut voir ce qui est de l'ordre du masculin refoulé ou du féminin refoulé.  Le masculin refoulé explique l'homosexualité féminine chez la femme pour les mêmes raisons, mais inversées, que pour l'homme. La femme se désire inconsciemment homme et désire posséder, pénétrer la femme. Il explique aussi la manifestation caricaturale de l'homosexualité féminine sous la forme de " la camionneuse ". Ce masculin refoulé explique aussi l'acharnement que peut avoir une femme pour rechercher le pouvoir, le contrôle. C'est très souvent le cas dans la sphère sexuelle avec les maîtresses des mises en scène sado-masochistes mais c'est aussi le cas chez ces femmes avides de pouvoir dans le milieu du travail ou dans les relations humaines. Le refoulement du masculin chez la femme explique paradoxalement aussi une part du mouvement féministe, non quand celles-ci tentent d'obtenir une reconnaissance sociale de la femme, mais quand elles en arrivent à vouloir faire comme ce qu'elle croit être l'homme alors qu'il n'est que la caricature de lui-même. Le refoulement du féminin chez la femme se manifeste quant à lui par exemple dans l'hyper-sensualisation et l'hyper-sexualisation du corps féminin dont témoignent les magazines et toutes les publicités. Une part de la croissance exponentielle de la chirurgie esthétique est aussi à attribuer à ce refoulement du féminin chez la femme.

On le voit, la discrimination féminine est certes un fait social patent contre lequel il faut lutter juridiquement et politiquement, mais surtout une des multiples manifestations dans le champ social d'un refoulement général du féminin. Tout aussi patente est donc la nécessité, pour l'équilibre de chacun et pour l'équilibre collectif, de mener un travail intime avec soi-même pour réintégrer harmonieusement ce féminin à l'ensemble de la psyché et pour remettre à sa juste place un principe masculin encore souvent hypertrophié. La guerre des sexes est avant tout la marque d'un déséquilibre interne entre le principe masculin et le principe féminin. La femme n'est pas prisonnière de l'homme. La femme et l'homme sont prisonniers tous les deux d'une disharmonie des deux principes de base qui les constituent.

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